LATTÈS_MARCAS

Comment écrire à partir d’une malédiction qui traverse les siècles ?

Par Jacques Ravenne

Pour beaucoup, la Croisade contre les Cathares, au début du XIIIe siècle, c’est principalement dans le sud de la France, entre Béziers et Foix avec comme centre la ville de Toulouse, mais surtout le château de Montségur, devenu un lieu de légende. Pourtant, il est une autre région qui fut un des bastions du catharisme, mais beaucoup moins connu : le Périgord.

À tel point qu’à l’été 1214, le chef des croisés, Simon de Montfort, fut obligé d’intervenir pour soumettre cette province rebelle. En particulier, les bords de la Dordogne où trois châteaux – Beynac, Castelnaud et Montfort – étaient considérés comme des citadelles de l’hérésie. Si les manuels d’histoire ne consacrent que quelques lignes à cette campagne militaire en Périgord, en revanche, les chroniqueurs de l’époque sont beaucoup plus révélateurs sur les véritables raisons qui ont amené Simon en Dordogne : une véritable mine pour les écrivains… C’est en effet à la demande de l’abbé de Sarlat, la ville voisine, que le chef des croisés intervient brutalement, horrifié par la découverte de dizaines de pèlerins catholiques ignoblement mutilés. Les coupables supposés ? Un couple d’aristocrates en révolte : Bernard de Casnac et Alix de Turenne qui se sont réfugiés dans leurs châteaux surplombant la Dordogne. Aussitôt, les croisés mettent le siège devant chaque forteresse qui tombe l’une après l’autre, avant de s’acharner en particulier sur le château de Montfort – la tête du serpent – qu’ils détruisent de fond en comble. Peut-être aussi parce qu’il portait le même nom que leur chef, qui ne devait guère apprécier…

Si on ne sait pas exactement ce qu’il est vraiment advenu d’Alix – dont nous avons fait un personnage de notre roman –, en revanche on retrouve Bernard de Casnac parmi les défenseurs acharnés de Toulouse en 1218 : un siège particulièrement violent où le chef des croisés, Simon, perdit la vie. La tête arrachée par un boulet lancé par une catapulte. Les mauvaises langues prétendirent qu’il avait eu grand tort de raser le château de Montfort…

D’autant qu’à partir de cette époque, une étrange malédiction semble s’être abattue sur le château : chaque fois qu’il fut reconstruit, il fut rasé. Au moins cinq fois, peut-être sept… Et la malédiction ne toucha pas que la forteresse, mais aussi ses propriétaires. Au XXe siècle, l’un fut empoisonné, l’autre assassiné. Une histoire extraordinaire dont nous avons tiré le fil historique de notre récit.

Si les Cathares, persécutés, survécurent encore quelques décennies en Périgord avant de disparaître définitivement, en revanche Bernard de Casnac ressuscita d’une manière aussi inattendue que superbe.

En effet, au XIXe siècle, l’écrivain Gérard de Nerval lui consacra des vers parmi les plus beaux de la poésie française :

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :

Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

GIACOMETTI RAVENNE

MARCAS

Paris, palais de l’Élysée. La cérémonie de passation de pouvoir est en train de se terminer quand on révèle au nouveau chef d’État l’existence du cinquième rituel. Un secret qui ne se transmet qu’entre présidents. Un mystère que nul n’a jamais percé.

Cinq ans plus tard. Alors que de nouvelles élections approchent, un meurtre au cœur d’une obédience maçonnique fait ressortir l’étrange rituel.

La légende devient réalité.

Des profondeurs hantées de Moscou jusqu’à un château maudit : ce que la nuit des temps n’a pu effacer s’apprête à ressurgir.

Et cette fois, Antoine Marcas va devoir affronter son destin.

Marcas
Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Giacometti Ravenne

Éric Giacometti est écrivain et ancien journaliste. Il est aussi le scénariste de la bande dessinée Largo Winch.

Jacques Ravenne est écrivain, franc-maçon, spécialiste de la Révolution, et auteur de livres historiques.