L’auteure
Janet Skeslien Charles a collaboré au magazine Slice et contribué au recueil de nouvelles Montana noir. Elle est l’auteure des Fiancées d’Odessa (Liana Levi, 2013) et de Une soif de livres et de liberté, paru en 2020 aux éditions JC Lattès. Elle partage aujourd’hui son temps entre le Montana et Paris.
Que souhaitez-vous que les lecteurs ressentent en découvrant La brigade de Miss Morgan ?
J’aimerais que les lecteurs ressentent les mêmes surprises, plaisir, et frissons que moi lors de mes recherches pour écrire ce livre. Cela fait plus que 25 ans que j’habite en France (d’abord à Mulhouse, ensuite à Paris), mais je n’avais jamais entendu parler de la Zone Rouge, et encore moins de tout ce que les civils français ont subi pendant la Grande Guerre, notamment l’occupation allemande. Je suis toujours impressionnée par le courage des Françaises qui ont été seules lorsque leurs maris, frères, et pères étaient au front. Quoique je sois Américaine, je n’avais jamais entendu parler du Comité américain pour les régions dévastées (CARD). Ce groupe international de femmes, créé par
Anne Morgan et sa compagne Anne Murray Dike, a travaillé à 40 kilomètres du front. Plusieurs de ces femmes ont reçu la Croix de guerre. J’ai beaucoup visité le Nord de la France en faisant des recherches pour ce livre. J’espère que les lecteurs seront aussi intéressés par cette région et iront notamment visiter le musée Franco-Américain qui décrit les efforts du CARD de 1917 à 1924 ainsi que se balader dans les rues Anne Morgan et Anne Murray Dike à Blérancourt (Aisne), où se situe l’action du livre.
Comment avez-vous pris connaissance de l’histoire vraie traitée dans le livre ?
En faisant des recherches pour Une soif de livres et de liberté, l’histoire vraie des bibliothécaires parisiens qui ont fait face aux nazis, j’ai passé beaucoup de temps dans les archives
de l’Association des Bibliothèques Américaine. Ainsi, j’ai trouvé Jessie Carson, une bibliothécaire américaine qui est venue en France pendant la Grande Guerre. Dans le Nord, elle a créé les premières bibliothèques en France pour les enfants. Ensuite, après la guerre, elle a transformé les ambulances en bibliobus. D’ailleurs, les bibliothèques qu’elle a créées, notamment à Soissons et à Belleville à Paris, existent encore. J’ai été fascinée ! Je savais qu’elle serait mon prochain sujet de roman, voulant la faire connaître à mes lecteurs.
Après le succès d’Une soif de livres et de liberté, découvrez un nouveau roman inoubliable inspiré de
l’histoire vraie et méconnue de l’américaine Jessie Carson, décorée de la Croix de guerre, qui a bouleversé le paysage des bibliothèques françaises.
1918 : Jessie Carson quitte son emploi à la New York Public Library pour rejoindre en France le CARD, le Comité américain pour les régions dévastées. Fondé par la millionnaire Anne Morgan,
ce groupe de femmes international vient en aide aux familles françaises meurtries par la guerre.
À son arrivée, Jessie décide d’installer des bibliothèques pour enfants dans des ambulances
reconverties en bibliobus. Elle va ainsi former les premières femmes bibliothécaires françaises. Avant de disparaître sans laisser de trace.
1987 : Wendy Peterson, écrivaine en herbe et également employée de la NYPL, tombe par hasard sur une référence à Jessie Carson dans les rares archives du CARD. Fascinée par cette femme, elle poursuit ses recherches et découvre que sa propre vie et celle de Jessie sont étonnamment liées.
Inspiré de l’histoire extraordinaire et méconnue des femmes décorées par la Croix de guerre, La brigade de Miss Morgan est un hommage vibrant au pouvoir de la lecture et au courage nécessaire pour changer les choses.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en Europe, de nombreux volontaires américains traversent l’Atlantique pour venir en aide aux alliés engagés dans le conflit. C’est ainsi que Anne Morgan, fille du banquier J.P Morgan, décide d’employer son temps et son argent à des œuvres humanitaires. Les fonds privés qu’elle collecte aux États-Unis vont permettre la création, en avril 1917, du Comité américain pour les régions dévastées (CARD) au sein des ruines du château de Blérancourt.
Pendant sept ans, 350 bénévoles américaines vont sillonner la Picardie à bord de leurs camionnettes Ford, et secourir, soigner, distribuer du ravitaillement, aider à la reconstitution du tissu social en agissant dans les domaines de la santé, de l’éducation et des loisirs.
Parmi ces bénévoles, de nombreuses bibliothécaires américaines vont se porter volontaires pour développer un service de prêt de livres dans les régions dévastées du nord de la France.
Anne Morgan fait appel à Jessie Carson, une bibliothécaire pour enfants de la New York Public Library, qui va avoir un rôle crucial dans la création d’espaces dédiés aux livres et à la lecture.
En moins d’un an, Carson et son équipe mettent en place un réseau de bibliothèques installées dans des baraquements préfabriqués. Mais aussi, un bibliobus qui permet d’atteindre les lecteurs des villages isolés.
6 000 livres seront catalogués en quelques mois. Les bibliothèques de la CARD ont rapidement attiré l’attention du gouvernement français et ont servi de modèle pour la modernisation du système des bibliothèques publiques en France.
Crédits et légendes : Richard Beban ; Courtesy of artist Claude Jumelet and la Poste ; RMN – Grand Palais (Château de Blérancourt) – bibliothèques ; Courtesy of RMN-Grand Palais (Château de Blérancourt) ; Photo courtsey of Gail Baden ; Bibliobus ; Biblothèques installées dans les baraquements préfrabriqués